Du bon usage d’une coalition politique (au Togo)

Nous avions pris l’engagement de combattre la « crise de la pensée ». Elle est à l’origine de tous nos maux présents et passés. C’est ce pernicieux mal qui amena des compatriotes à édifier une mafia politique autour d’un groupe ethnique, les rendant hermétiques à tout changement. Alors, nous ne pouvons tolérer d’autres formes de déviances, a fortiori dans les groupes avec lesquels, par la force des choses, nous nous sentons proches, du moins sur le plan des efforts pour le changement démocratique au Togo.

Cela fait des mois qu’on nous parle d’une coalition comprenant 14 partis politiques, collectivement engagés pour, dit-on, renverser la dictature (et peut-être instaurer ensemble un nouvel ordre politique). Mais à voir les fausses notes et les méthodes hasardeuses qu’on applique dans ce regroupement, il faut sonner le tocsin ! Nous ne sommes pas en train de gagner !

Ce qui fait la force de cette coalition est le niveau d’incantations dont sont capables certains de ses membres, et les effets (de manipulation massive) que cela arrive à produire sur certaines personnes, dans ce pays où la culture politique n’est pas la chose la mieux partagée.

Du fondement d’un regroupement politique

Beaucoup de Togolais militants du changement sont fiers de voir quatorze « leaders » de partis politiques travailler ensemble et mener la vie dure au régime de la dictature Gnassingbé. On peut en effet se réjouir de cette belle cosmétique. Surtout les plus jeunes qui n’ont pas encore vu et compris comment des opposants dans ce Togo, s’emploient souvent hardiment pour échouer ensemble.

Il n’est point besoin de le rappeler : un regroupement politique s’entend de la mise en œuvre d’une stratégie commune, conçue sur la base d’objectifs collectivement adoptés pour lesquels on s’est donné les moyens nécessaires… Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Au fait, que voulions-nous réellement faire ensemble ? 

Les récents soubresauts autour du dialogue politique, les réticences des uns et les prétentions non partagées des autres, sont autant de preuves qui montrent que l’attelage actuel de l’opposition politique du Togo n’est pas en mesure de remplir les engagements qu’il porte vis-à-vis du peuple (du changement).

Le 20 novembre passé, j’écrivais sur mon blog, l’article : Pour un front électoral de l’opposition.  Je vous invite à le relire…

De quoi a-t-on peur  dans l’opposition ?

Les responsables de la coalition consentent plus d’efforts pour ne pas faire apparaitre leurs divergences qu’ils n’agissent pour l’aboutissement de la cause qui les rassemble.  Une coalition politique n’est assurément pas une centrale syndicale ! C’est pour cela que certains des responsables de partis prennent parfois quelques libertés (d’expression) pour exprimer leurs vues personnelles ou oser parler au nom du groupe, même en l’absence d’un mandat. Mais cela ressemble plutôt à une belle affiche pour un film dont on est loin de cerner la qualité réelle.

Soyons pragmatiques ! En gagnant le combat de la rue (les marches sont tolérées !) l’opposition a perdu en même temps d’autres acquis qu’elle avait sur le plan institutionnel. Depuis septembre 2017, avec le rejet des amendements de l’opposition parlementaire au projet de constitution présenté par la majorité UNIR, on fait comme s’il n’existe plus au Togo cette opposition parlementaire. On a caporalisé le débat sur les réformes au point de ‘’totémiser’’ la fronde populaire ; et ce faisant, on a laissé le champ libre à ce gouvernement qui s’est empressé de mettre en œuvre son plan de conservation du pouvoir par les la voie (démocratique) des urnes.

L’autre effet de l’incantation de la stratégie (faussement unitaire) est l’abolition de fait du rôle de chef de file de l’opposition. Jean-Pierre Fabre fait ce qu’il peut, parfois par défaut, pourvu qu’on ne le conteste en sourdine (ou par émissaires interposés). Mais quelle est la feuille de route de la coalition des 14 et qu’est-ce qui en garantit le succès ?

Quand on veut transformer le Togo, englué dans les méandres d’une dictature féroce aux relents fascistes, on s’organise. Depuis septembre 2017, on n’a pas été convaincu de la capacité de cette coalition à renverser ce régime en recourant aux pauvres citoyens aux mains nues et dont la plupart sont affamés. Le regroupement n’a pas encore partagé avec l’opinion l’offre politique autour de laquelle on veut guider les populations dans la contestation du pouvoir. Nous ne connaissons pas le bilan (à mi-parcours) de la lutte dans laquelle une grande majorité des Togolais du pays et de la diaspora ont foi.

Qu’on se le dise ! Nous sommes dans un processus politique et nous avons réussi à faire entrer la communauté internationale dans le jeu (par le fait de la médiation du dialogue par le Ghana et la mobilisation des pays proches et lointains. Il y a des mécanismes qui s’imposent dans ces situations. Ils conduisent à des consultations électorales. Et le même peuple qui marche sait voter et défendre ses  voix, pour peu qu’on sache s’organiser et agir efficacement pour garantir la transparence de ces élections. Alors menons la vraie lutte : bataille par bataille et arrêter de nous faire croire que ce qui n’a pas marché depuis 1993 marcherait aujourd’hui.

Les mêmes choses que nous répétons depuis des mois, sont celles que prescrivent les partenaires du dialogue politique. S’opposer pour s’opposer ne sert plus à rien. Il faut œuvrer à conquérir le pouvoir d’Etat : c’est le seul enjeu qui compte aujourd’hui.

Dany Ayida, (02 :35, 15 Mars 2018, en pensant à mes concitoyens qui tentent d’échapper à la damnation)