Dialogue politique: Position du CRDT

Communiqué du CRDT sur le dialogue intertogolais

Le Conseil de la Résistance Démocratique du Togo (CRDT), fédération des organisations citoyennes du Togo et de la grande communauté des Togolais de l’extérieur, réagit à l’annonce par le gouvernement Faure/Kodjo d’un dialogue politique intertogolais, prévu au Burkina Faso dans les prochains jours.

Le CRDT, tout en reconnaissant l’existence d’antagonismes pernicieux entre les acteurs politiques de notre pays, s’interroge sur les motivations réelles d’un tel dialogue au regard des prétentions des différentes composantes de la classe politique et des aspirations profondes des citoyennes et citoyens du Togo aujourd’hui.

Le contexte du dialogue promis
Les nouvelles négociations prévues entre le pouvoir RPT et son opposition partisane interviennent une année après la disparition du général Gnassingbé Eyadema. En avril 2004, le défunt dictateur avait pris devant l’Union Européenne, 22 engagements pour plus d’ouverture et des mesures pratiques pour la bonne gouvernance. Ces démarches visaient la reprise de la coopération avec l’Union Européenne, interrompue depuis 1993 suite aux atteintes graves contre la démocratie et les droits fondamentaux des citoyens togolais.

L’annonce du nouveau dialogue politique intervient presque dix mois après la tenue au Togo d’une mascarade d’élection présidentielle scandaleusement cautionnée par certaines puissances étrangères. Ce scrutin s’est soldé par le massacre de plus d’un millier de nos concitoyens et l’imposition illégitime et illégale de Faure Gnassingbé à la tête de notre pays; perpétuant 40 années de déprédation, de mal gouvernance, de tourments et de paupérisation des populations togolaises sans exception.

Ce dialogue qui ne présente aucune contrainte pour le régime despotique en place et qui se déroule sans raison apparente hors du pays n’offre aucun gage de crédibilité et de sérieux pour l’avenir de notre cher pays.

Les enjeux d’un dialogue véritable
Au regard de la crise profonde qui déchire le Togo, le CRDT préconise la tenue d’un DIALOGUE NATIONAL INTEGRAL ET INCLUSIF, transcendant les 22 Engagements d’Eyadema et associant toutes les Forces Vives de la Nation (celles de l’intérieur et de la diaspora). Ce dialogue devra déboucher sur un processus politique global de transition pacifique et concertée, pour la mise en place de nouvelles institutions de la République et la tenue d’élections générales libres, transparentes et démocratiques.

Le CRDT considère que les engagements pris par Gnassingbé Eyadema devant l’Union Européenne ne sont opposables ni sous leur forme ni dans leur fond au régime issu du coup de force, des massacres de populations et de la mascarade électorale d’avril 2005.
Le Conseil, tout en réaffirmant son attachement à la recherche d’une solution pacifique à la longue crise politique, lance un appel pressant à l’ensemble de la classe politique et à la communauté internationale pour:

1- La mise en place d’un Comité International de Surveillance et de Médiation de sept membres: comprenant l’ONU, l’UA, l’UE, les États-Unis, l’Allemagne, le Canada et la France. Ce Comité devra étudier à la fois les modalités et les mécanismes d’un dialogue national intégral pour la relance du processus démocratique et du progrès social au Togo.

2- L’adhésion par tous les protagonistes de la crise politique: partis politiques, société civile et Togolais de l’extérieur à un Programme consensuel de processus de démocratisation comprenant: la rédaction et l’adoption d’une nouvelle Constitution, la mise en place des institutions politiques de transition (aux niveau national, régional et local) et l’organisation des élections générales (locales, législatives et présidentielles).

3- L’implication active dans ce dialogue de toute la classe politique, des organisations citoyennes indépendantes représentatives et des représentants des Togolais de l’extérieur. Le Dialogue national intégral et inclusif réunira les 7 composantes actuelles de la vie socio-politique de notre pays: la Mouvance RPT, la Dissidence du RPT, l’Opposition de Droite, l’Opposition de Gauche, la Dissidence de l’Opposition, la Société Civile de l’Intérieur et la Société Civile de l’Extérieur.

4- L’engagement par les membres du Comité international de Surveillance et de médiation d’assister le Togo sur tous les plans pour la mise en œuvre des résultats du dialogue.

Le CRDT considère qu’en dehors d’un cadre consensuel impliquant tous les acteurs politiques et sociaux d’une part et la communauté internationale d’autre part, toute tentative de dialogue ne serait qu’un complot sans lendemain au bénéfice éphémère d’une poignée d’oligarques pressés de se partager les prébendes et les dépouilles politiques et économiques du Togo, notre pays si longtemps meurtri.

Fait le 15 février 2006
Micheline Randolph
Pour la Coordination générale du CRDT