50 ans : à la recherche de la Nation togolaise

Le 27 Avril 2010, l’Etat togolais a eu 50 ans. Un demi-siècle de vie d’un pays marqué par des antagonismes incessants et de multiples tourments. Les cicatrices sont nombreuses. Depuis le coup d’Etat de Janvier 1963 perpétrée avec la bénédiction de la France, ancienne métropole, les Togolais sont profondément divisés. Le Rassemblement du peuple togolais (RPT), ancien parti unique, au pouvoir depuis sa création en 1969 n’a jamais réussi à réconcilié les Togolais entre eux. Au contraire, cette formation est à la source de la survivance des clivages ethniques. Ces divisions ont été malheureusement exacerbées à partir de 1990, avec les revendications de démocratie et de liberté qui sont aujourd’hui loin d’être satisfaites.
50 ans de vie n’ont pas suffi aux Togolais pour créer une Nation. La communauté qui vit à l’intérieur de ce petit rectangle qui reste de l’ancienne colonie allemande est un assemblage politico-démographique dont la charpente politique est d’une faiblesse sans pareille. Eyadema a su régner sans partage pendant 40 ans grâce à l’armée tribalisée. Son fils poursuit les mêmes pratiques et éprouve bien du mal à arrimer la gouvernance aux pratiques d’une nation moderne. Ce n’est pas une question de discours ou d’opinion. La Nation devrait être la résultante d’engagements émotionnels, de culture partagée, de volonté commune soutenue par des élans collectifs continus. La Nation est un esprit qui habite la population et la propulse vers des réalisations qui soudent sa cohésion. Le Togo n’a pas réalisé l’union de ses fils, parce qu’il n’a jamais eu de dirigeant à la hauteur de cette ambition. Faure Gnassingbé, même s’il passait 40 années à la tête du Togo comme son père ne marquera pas ce pas qualitatif : ses capacités personnelles et le péché originel de l’essence de son pouvoir annihileraient toute tentative dans ce sens.
Il ne s’agit pas de proclamation rédhibitoire : la Nation togolaise, comme toutes celles qui ont pu naître dans le monde en étant issues de l’autodétermination de territoires autrefois colonisés devrait prendre appui sur l’Etat. Or l’Etat du Togo n’a guère été viable. La mauvaise gouvernance et l’incompétence des dirigeants empêchent de mettre en place une direction qui maîtrise tout le potentiel d’un appareil politique et administratif qui répond véritablement aux besoins d’un pays moderne. Les réformes mille fois engagées n’ont pas abouti ; parce qu’on a rarement les gens qu’il faut à la place qu’il faut.
L’avenir du Togo procèdera d’une révolution qui commencera dans la tête de ses enfants. La culture du minima, « l’incantation du pauvre », comme dirait Jimmi Hope le chanteur, et l’appel du ventre devront laisser place à un nouveau contrat national.