Togo: 20 ans de démocratisation au rabais

De quoi donc souffre-t-on au Togo pour toujours faire les choses à reculons? Pourquoi est-il impossible depuis ce qu’on appelle prétendument “ouverture démocratique” que les Togolais s’accordent sur de vraies réformes politiques et sociales afin que la direction des affaires publiques satisfasse à la volonté et aux réelles convictions de la population?  Ces interrogations s’imposent à nouveau au regard de l’initiative prise par le régime en place de restreindre le droit de regroupement et de manifestation publique.

On a vu la proposition de loi de Bodjona Pascal, adoptée par le gouvernement Houngbo en conseil des ministres: elle est fidèle à l’orientation que le RPT donne aux affaires de ce pays depuis 20 ans. On a aussi vu les réactions de quelques partis politiques et organisations citoyennes. Je me réserve pour le moment de les commenter. Ce qui me choque par contre, c’est cette constance devenue rédhibitoire qu’ont les dirigeants au pouvoir de toujours tirer le pays vers le bas. Voici cinq (5) arguments pour vous en convaincre :

  1. La transition démocratique augurée par la conférence nationale de Juillet-Août 1991 a été cadenassée par l’armée acquise au clan dirigeant qui  en a remis en cause les institutions;
  2. L’alternance au pouvoir balisée par la Constitution de 1992 a été viciée par la réforme adoptée par l’Assemblée nationale monocolore du RPT en 2002, laquelle institua une élection présidentielle à un tour et un bail sans limite au sommet de l’Etat ;
  3. La désignation des membres de plusieurs institutions publiques: cour constitutionnelle, Haute Autorité de la Magistrature, CENI, HAAC, Cour des comptes et d’autres, fait la part belle aux tenants du régime dans le seul but de conserver leur mise sur l’appareil d’Etat;
  4. Les recrutements dans la fonction publique tout comme dans les projets se font sur une base politique, excluant de fait les opposants et des milliers de jeunes qui ne doivent leur salut qu’à l’exil, la délinquance ou des métiers sans avenir ;
  5. 5. Des centaines de professionnels togolais sont exclus dans la gouvernance nationale, car leur idées vont à l’encontre du système en place ; en conséquence, l’Administration en place est profondément médiocre et incompétente.

Ces quelques exemples (et il en existe d’autres) démontrent que le régime n’est toujours pas ouvert à la démocratie réelle. L’alternance au pouvoir est impossible dans ces conditions. Les Togolais de partout sont interpellés. La solution et la seule que je vois  a trois sorties :

  1. Rompre (au niveau individuel) tous les liens partisans et inscrire tout acte d’attachement au pays dans une perspective citoyenne.
  2. Engager les Togolais des villes, des campagnes et de l’étranger dans un mouvement de contestation permanente du régime illégitime et ne pas arrêter avant sa chute.
  3. Développer des passerelles entre les citoyens du pays et de la diaspora et mettre à contribution tous les réseaux internationaux.
  4. Inscrire le changement de régime dans un timing précis et engager toutes les forces citoyennes vers la réalisation de ce BUT commun.
Le Togo à nouveau est face à son destin. Va-t-il à nouveau gâcher cette chance ? J’en doute.