La pagaille de père en fils

Faure Gnassingbé continue sur les pas de son « illustre prédécesseur. Il n’y a rien de surprenant à cela. Ainsi en célébrant le 13 janvier 2006 comme les trente-neuf précédents, la famille régnante veut nous rappeler que rien n’a changé. On s’y attendait bien. Ceux qui claironnent que le fils aurait des aptitudes pour faire mieux que le pères sont servis.

C’est une sorte d’atavisme qui pousse Faure et compagnie à célébrer le 13 janvier. Tout d’abord en continuant à commémorer cette date qui est le plus grand commun diviseur des Togolais, le pouvoir actuel démontre sa piété au père. Comment oserait-on ne pas sacrifier à ce rituel auquel Eyadema tenait tant ? « Le 13 janvier est le nouvel an des RPTistes », disait un vieil ami. Ensuite c’est un élément fédérateur pour la régence qui est bâtie, on n le sait, sur des bases plutôt archaïques. Ainsi l’âge de Faure (il parait qu’il est jeune)et le fait qu’il s’affuble de quelques diplômes ne changent rien à la réalité qu’il incarne une forme de gouvernement ubuesque qui n’a d’égard pour aucune condition normative d’un Etat moderne.

Ensuite le 13 janvier est l’unique occasion pour exposer aux yeux du peuple soumis les fantasmes de l’autre pendant du pouvoir : les Forces Armées Togolaises. Plus que sous Gnassingbé père, l’armée a sous le fils de réels avantages. Faure doit aux fidèles officiers de la famille son accréditation comme héritier désigné du père. Et le 13 janvier est le moment fort au cours de l’année où cette armée (éminemment ethnique) exhibe ses attributs essentiels. Alors on verra aujourd’hui tous les corps des FAT – y compris les éléments qui ont massacré les populations en avril passé – défiler à Lomé et dans d’autres villes, armes aux poings. Les chars et les nouveaux armements acquis seront sortis pour montrer aux « ennemis de la révolution familiale » la force du pouvoir.

Enfin cette fête est une façon de dire au peuple réel qu’on n’a cure de ses revendications de mieux être et de démocratie. Qui parle de dialogue politique ? Qui ose croire à la promesse de dialogue social avec les syndicats? La vérité est celle-là, poignante : le RPT est aujourd’hui comme hier un système d’oppression foncièrement anti-démocratique. La réconciliation nationale prônée par l’Europe et le grand pardon diffusé par les collabos ne sont que de faux remèdes contre un mal dont les racines sont dans la tête de ceux qui sont assis sur le pays.
D.K.A.