L’intersyndicale des travailleurs du Togo tente de mobiliser tous les travailleurs togolais membres de tous les syndicats pour une grève contre la cherté de la vie et la précarité de leur situation. L’initiative en elle-même est une victoire en soi. Depuis la grève générale de 92-93, c’est la première fois que tous les syndicats, de tous les bords s’entendent pour défendre les droits des travailleurs. Toutes les grandes centrales syndicales du pays sont partie prenante à cette mobilisation. C’est la preuve que les Togolais peuvent se faire prendre au sérieux s’ils le veulent. La faim et la misère ne font pas de distinction entre travailleurs du RPT et ceux de l’opposition. Enfin ils l’ont compris. Ils ont mis entre parenthèses les divergences pour se tourner vers les autorités en place.
Le gouvernement a été obligé d’ouvrir des négociations avec les mécontents. D’accord pour les négociations sociales, d’accord pour payer quelques arrièrés de salaires! Du coup la grève a été suspendue. Faure et ses collaborateurs n’ont pas voulu risquer de subir des manifestations qui les affaibliront encore plus, alors même que leur pouvoir tangue, faute de légitimité.
Ces négociations sociales que nos syndicalistes entament démontrent en tout cas qu’il faut mettre fin aux amalgames et aux tergiversations qui font du Togo un pays d’exception. Nous avons le SMIG le plus bas de toute la CEDEAO! Même le Niger, le Mali et le Burkina, pays mal classés par les rappports sur le développement humain du PNUD payent mieux leurs travailleurs. Et dans ces pays-là, on sait faire la différence entre les affaires politiques et les droits des travailleurs. N’est-ce pas d’ailleurs le Niger (pays en crise alimentaire) qui a vaillamment inauguré les manifestations sociales contre la vie chère, en faisant trembler l’année dernière le gouvernement de Tandja? Il ne sert à rien au Togo de dissimuler les problèmes, diviser les acteurs sociaux et prétendre résoudre les problèmes. Le dialogue avec les syndicats doit se faire sur des bases saines. Nous connaissons dans toutes ces centrales (UNSIT, CSTT, CNTT, UGSL, GSA, etc) des femmes et des hommes compétents, connaissant la situation des travailleurs et capables de les défendre avec rigueur.
Pour le gouvernement RPT et collabos, ce n’est pas la peine de chercher à manipuler les syndicalistes, comme Eyadema le faisait, ou tenter de les intimider. Il est une chose normale dans un Etat sérieux que des travailleurs s’organisent et défendent leurs intérêts. Il est du devoir des dirigeants de les écouter, de discuter et trouver des solutions appropriées aux revendications. Tel est le commencement des attributs démocratiques.
Si Faure et Kodjo croient donner uniquement un gage d’ouverture dans leur quête de légitimité en accueillant la mobilisation syndicale, ils se trompent. Chaque frange de la société togolaise en crise veut se réhabiliter dignement, sans marchandage.
Dany K. Ayida