L’affaire qui oppose les autorités togolaises à la société de téléphonie Moov est la démonstration d’un certain délitement dans l’économie politique du Togo d’aujourd’hui. La situation dément catégoriquement le discours et le marketing officiels qui invitent les investisseurs se rendre au Togo. Quelles que soient les raisons avancées, la gestion de ce différend pose la question des capacité techniques des personnes en charge de ce dossier.
Lors de mon récent séjour à Lomé (mi-novembre 2009), j’ai constaté avec émoi combien chaque citoyen interrogé détient tellement d’informations sur le sujet. Presque tout le monde prend fait et cause pour la société Moov et accuse les dirigeants de “pratiques douteuses” voir de “prévarication” et de “combines”. Et certains croient savoir pourquoi les choses ont trainé tant… L’Etat togolais réclamerait 20 milliards de nos francs à Moov avant de renouveler sa licence. Suspendue depuis 3 mois, la compagnie a engagé des discussions avec l’Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) – dirigée par Massina Palouki – sans trouver d’issue, pour le moment!. A la question des arriérés s’ajoute maintenant celle de l’accès direct à l’international, apanage de Togo Telecom dont Moov voudrait bénéficier.
Mais le fond importe peu; c’est la manière avec laquelle la partie togolaise gère le dossier qui pose problème. Le premier péché tient à la communication. Il y a un flou total de la part du gouvernement et de l’ART, laissant place à des spéculations de toute nature. Le deuxième grief est la conséquence du premier: une piètre image d’un pays qui s’acharne sur l’une des rares sociétés étrangères opérant encore dans le pays. Le tout fait une “mine d’opportunités” gâchée par un petit pays qui ploie depuis des années dans des contradictions sans fin, au moment où ses voisins font des bonds en avant. Nul ne peut imaginer combien d’investisseurs potentiels ont été découragés en analysant la manière avec laquelle le Togo traite l’affaire Moov.
On annonce la reprise de Moov pour ce début décembre. Vérité ou intox: en tout cas, les dommages du côté de l’image du pays et du climat des affaires auront été plus grands que ceux des actionnaires et des employés de Moov telecom.
Dany
