Le somment France-Afrique de Nice qui s’ouvre ce jour à Nice ne ressemble guère à toutes ces grands-messes auxquelles Mitterrand et Chirac nous avaient habitué. Eh oui, il faut le reconnaitre. Car même si on n’aime pas Sarkozy et sa bande de -néo-françafricains” (Guéant, Johandet, Bourgi…) il faut admettre que l’Afrique avec laquelle la France tente de faire affaire aujourd’hui n’est plus la même. Je ne parle pas des acteurs à la tête des Etats (les lignes ont peu bougé de ce côté-là), mais je parle de la nouvelle dynamique de relations internationales dans laquelle intervient cette rencontre. “La place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale” est le thème choisi pour ce 25ème sommet France-Afrique.
Le grand changement dans les rapports entre la France et l’Afrique, c’est que les relations ne peuvent plus être fondées sur le paternalisme et l’interventionnisme qui ont caractérisé les 40 ou 45 dernières années. Elles sont de plus en plus marquées par des alliances stratégiques autour de questions économiques ou géo-politiques. Sarkozy ne s’y est pas trompé en s’engageant à l’ouverture de ce sommet à soutenir un siège permanent de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Afrique en réclame deux. L’Afrique du Sud et le Nigéria sont candidats; l’Egype et l’Algérie n’en demandent pas moins.
Il faut saluer le pragmatisme de ce rendez-vous qui ne peut plus frustrer les nationalistes africains. Des rencontres de ce genre se multiplient d’ailleurs. La Chine aussi rencontre l’Afrique réunie. Elle a peut-être ouvert les yeux à cette France qui s’est trop longtemps fourvoyée dans ses relations jugées incestueuses avec ses anciennes colonies. D’ailleurs, la France qui ne cache plus ses prétentions affiche ses priorités en invitant Zuma le Sudaf et Jonathan le Nigerian puis en faisant co-présider le sommet par Moubarak l’Egyptien… Le pragmatisme est du côté de l’ouverture du sommet dans son agenda aux questions économiques.
L’enjeu pour de telles rencontres internationales minutieusement préparées et orchestrées par les partenaires de l’Afrique, c’est que les leaders du continent eux-mêmes puissent être à la hauteur des enjeux en se préparant en conséquence. L’Afrique ne s’unit guère pour défendre l’intérêt commun de ses peuples. Beaucoup de chefs d’Etat restent des sous-fifres et des bénis-oui-oui, prêts à se plier aux injonctions d’une puissance (tutélaire). L’indépendance (50 ans cette année!) est inachevée, dans la mentalité des dirigeants et dans leurs agissements.
Le pré-carré, aux dires de beaucoup de dirigeants français n’existerait plus. Il y a du vrai. Même si les réseaux d’influence continuent à pulluler et à tirer les ficelles ça et là sur des dossiers économiques et politiques. L’Afrique à l’heure de la diversification est plus que jamais globalisée. Ses présidents qui écoutent les belles paroles de Sarkozy à Nice ont aussi leurs oreilles tournées vers Pékin, Washington, Berlin, Moscou ou Tokyo. C’est ce qui a changé et devrait durer pour que l’Afrique sorte gagnante de ses relations.