Je l’avais dit. Tout ce bruit, toute cette agitation n’avaient pour but que de créer les conditions de participation de l’opposition en place à Lomé au prochain gouvernement d’union. Gilbert Houngbo reconduit à la primature, la feuille de route définie par Gnassingbé Faure ne présente guère d’équivoque: former un gouvernement d’union nationale en y incluant, dans la mesure du possible, tous les leaders du FRAC.
Ceux qui croyaient que la mobilisation consécutive à la consultation présidentielle (je n’ose pas parler d’élection) ferait entrevoir une nouvelle dynamique de changement finiront par se rendre à l’évidence. Cela fait longtemps au Togo que la classe politique ne raisonne plus en termes d’intérêt national. Ces hommes et ces femmes vieillissants ne pensent plus qu’à eux-mêmes. Le bilan déshonorant trahit les valeurs. Le bétail populaire ne sert que d’attirail et l’appareil d’Etat est l’appât dont se sert les tenants du RPT “nouvelle génération”.
Aussi bien la méthode que le principe de la démarche ne sont pas défendables. Car premièrement, aucun des partis du FRAC ne fait état de consultation de sa base (sondage, fora, etc…) pour déterminer la position à adopter. Tous en réaction à l’invitation de Houngbo, soit déclinent (en essayant de motiver) soit posent des conditions plus ou moins acceptables. Or, l’approche de lutte populaire que sous-tendaient les manifestations du FRAC devraient conduire à cette démocratie à la base pour légitimer la nouvelle orientation qu’on prétendait représenter. Deuxièmement l’objet des contestations et le programme évident du FRAC ne devraient laisser de place à une quelconque cohabitation.
Je ne crois pas au Gouvernement d’union. C’est le remède des systèmes claudicants: ceux qui n’ont pas de repère; ceux qui rassemblent pour étouffer les réelles aspirations et étancher la soif personnelle des ventrus de la République. Eyadèma était un adepte de cet artifice politique. Bongo en usait abondamment aussi, tous ayant fait l’école d’Houphouet. C’est un remède politique de dirigeants illégitimes qui font tourner en rond leur peuple pour continuer à mal gouverner.
La roue de l’histoire tourne. Mais au Togo, nous restons au point de départ. Il faut juste en faire le constat, pour comprendre qu’on ne peut plus rien créer de bon avec ce personnel. La perspective n’est possible qu’à condition d’imposer l’alternative qui rompt avec le passé. Qui sont les candidats de ce renouveau de la pensée et de l’action politiques au Togo? Sont-ils capables d’en trouver les moyens et changer radicalement leurs propres méthodes de lutte? La question ne s’adresse pas à des individus. Elle cible des groupes d’hommes et de femmes engoncés dans un océan d’hésitation, de calcul et de fausse pudeur.