Je restitue ici, sous la forme d’un dialogue imaginé, l’illustration de la présente situation au Togo, où par l’inversion des normes, une élite implore l’intelligence du peuple engagé, mais sans repère. J’aimerais bien connaître votre opinion personnelle sur le sujet.
DIALOGUE : Le peuple, l’élite et la lutte…
A : Notre situation reste préoccupante et visiblement nous sommes dans une impasse. Les rapports de forces ne sont pas en notre faveur, comment obtenir le changement à court terme au Togo dans ces conditions?
B : Il faut donner la parole au peuple.
A : Le peuple n’est pas organisé et le Togo n’a pas une culture politique permettant d’imposer un bras de fer durable avec le dispositif sécuritaire répressif.
B : C’est pourquoi il appartient au peuple de prendre ses responsabilités.
A : Les acteurs politiques et citoyens opposés au régime sont nombreux ; mais ils sont divisés et sans ressources suffisantes pour faire face au régime, lequel dispose à sa guise des moyens de l’Etat. Que faire ?
B : Il faut laisser le peuple agir ! Lui seul a la solution.
A : Les responsables de l’opposition rechignent à adopter des mécanismes innovants pour imposer une alternative pour le changement en 2020 ; à cause des querelles de leadership et d’autres considérations secondaires. Ceci pourrait compromettre l’alternance l’année prochaine…
B : Il faut oublier ces gens. C’est le peuple qui fera le changement. Pas les leaders.
A : Contrairement à de nombreux pays, les partisans du régime de dictature au Togo quoique contestés sont restés unis. Pourquoi on ne voit pas de scission ou des défections dans les rangs du pouvoir pour prendre le parti du peuple ?
B : Ce sont des corrompus, ils ne quitteront pas la mangeoire du pouvoir tant que le peuple n’aura pas agi pour leur arracher sa souveraineté confisquée.
A : Dans ces conditions qui va amener le peuple à agir, en l’absence de plan ou direction claire ?
B : Le peuple n’est pas bête. Il est invincible. Il finit toujours par trouver sa voie…
A : Si le peuple n’est pas bête, et que l’élite lui fait appel sans lui montrer la voie qui peut le sauver, alors c’est l’élite qui serait bête…
Quelques observations :
A un moment où à un autre, chaque pays en transformation politique est confronté à cette forme d’imbroglio. Loin de se résigner, il faut y faire face avec abnégation. Il n’y a qu’une façon de conjurer le mal : quelques acteurs qui se connaissent et qui se font confiance s’organisent et agissent. L’hésitation et les calculs perpétuels ne profitent qu’au dominateur qui a la force des armes et de l’argent. Premier pas : le conclave des forces démocratiques (dans son format du plus petit commun multiple…)
Dany Ayida (En méditant le silence et l’inaction des amis politiques, victimes du statu quo)