Il est difficile de ne pas se prononcer sur le processus en cours qui se soldera en Février prochain par un vote au suffrage universel pour désigner un (nouveau) président pour le Togo. Observateur – avec recul depuis quelques années – de la scène politique nationale, je suis poussé par certaines interrogations personnelles à me demander de quoi une fois encore sera capable la classe politique face à l’attente du peuple.
Les négociations de Ouagadougou et l’accord qui en était issu, la tenue d’élections parlementaires visiblement transparentes, la nouvelle tradition de dialogue qui amène le pouvoir et l’opposition à s’engager dans divers cadres de concertation sur l’avenir du pays sont autant de situations qui ne sont pas fortuites. Il est légitime de reconnaitre, dans la proportion du moins des acteurs qui évoluent sur l’échiquier, que le jeu s’est quelque peu civilisé. Les enjeux sont doubles, d’un camp à l’autre.
1- Pour Faure Gnassingbé et les siens
L’apaisement retrouvé a pour objectif avant tout de rassurer la communauté internationale, restaurer la confiance avec les bailleurs de fonds et assurer la reprise de l’économie nationale, sinistrée depuis une quinzaine d’années. Les concessions faites à l’opposition, l’apparent climat de sécurité à l’intérieur et les discussions engagées avec les principaux donateurs (FMI et Banque Mondiale notamment) en sont les démonstrations. Il y a aussi comme une ambition d’imprimer une nouvelle marque à la gouvernance politique, ce qui se concrétise par la naissance de multitudes de mouvements de soutien à Faure, au détriment du vieil appareil politico-administratif du RPT.
2- Pour ce qui passe pour être l’opposition au régime
En 5 années, la configuration de l’opposition a tellement changé qu’on se demande quel est le logiciel mis en branle qui occasionne les amours et les désamours sur place. Des acteurs au discours, il y a comme du nouveau sous le soleil togolais. Un dénominateur commun néanmoins: la plupart de ces gens livrent leur dernier combat, à commencer par Olympio Gilchrist de l’UFC. Et dans son camp on y croit! Cette fois devrait être la bonne, dit-on. On discute avec le RPT, on fait de la précampagne, on marche pour revendiquer de nouvelles conditions légales pour augmenter les chances de l’alternance…
La question qu’on est en droit de se poser, c’est si le pouvoir et ceux qui veulent le remplacer ont totalement conscience de la portée des échéances à venir, au regard de leurs engagements. Les efforts consentis les 3 dernières années sont-ils suffisants pour assurer les finalités attendues: alternance pour certains, scrutin libre et sans contestation pour d’autres? En d’autres termes, quelles sont les conditions qui feraient que les perdants et les vainqueurs agréeraient les résultats de cette présidentielle?
Le résultat final étant de faire entrer le Togo dans le groupe des Etats africains qui font droit à la démocratie, mettre fin à l’exception de régime rétrograde où on triche viole et vole.
L’implication de la communauté internationale se met en place peu à peu, même si on ne perçoit pas un véritable engouement. L’Union Européenne et les Etats Unis tout comme le système des Nations Unies se mobilisent tant bien que mal. L’enjeu véritable pour ces partenaires est d’éviter que les Togolais s’entretuent, comme ils l’ont fait en 2005.
Quant à la société civile togolaise, celle qui est visible fait dans ses capacités. Les réalisations traditionnelles avec de micro-subventions pour sensibiliser l’électorat et surveiller le vote. Mon passage le mois dernier à Lomé ne m’a laissé rien voir en termes de réflexions sérieuses, démontrant les tendances de “l’opinion nationale”. Nous avons une société civile de service, quand elle ose prendre de position, elle se classe et s’annihile ! Et pourtant le mal peut être exorcisé, par un minimum de courage.
Moi qui n’ai plus voté au Togo depuis 1992 (référendum constitutionnel), je fais partie des citoyens qui attendent de voir, calfeutré dans un kyste en peau de banane…
Dany