Le gouvernement togolais vient de rendre publiques des mesures qu’il annonce en grande pompe comme celles qui vont réduire la cherté de la vie. Parmi les décisions prises, deux ont retenu mon attention.
La première mesure a trait au plafonnement des prix de certains produits. Mais on le sait, le gouvernement n’a aucune capacité pour contrôler les prix pratiqués par les commerçants dans les marchés du pays profond, ni dans les magasins d’alimentation dans les villes. L’Etat se paie massivement sur ces produits importés pour la plupart, à cause des douanes dont les frais sont réputés élevés. Il eût été plus conséquent pour l’Etat de réduire les charges liées à l’importation des produits de première nécessité: comme l’huile, la farine de blé, le sucre, le poisson, le pétrole… si l’intention vise réellement à réduire les prix pour les consommateurs.
La deuxième mesure du gouvernement concerne la suspension des taxes municipales dans les marchés. Cette mesure contrairement à la première est facile à appliquer par l’Etat, qui dispose de forces de l’ordre à cet effet et des maires qui lui sont (presque tous) acquis. Mais là où le bât blesse, c’est que la décision dépouillerait les collectivités locale de la seule source d’entrée dont elles disposent. Elle peut aussi créer des troubles dans certaines localités. Pour qui connaît les dispositifs de gouvernance locale dans ce pays, la capacité contributive des communes est très faible. L’Etat assure une grande partie du budget communal. Les investissements des municipalités reposent essentiellement sur les taxes récoltées dans les marchés. Alors en dépouillant les communes de ces moyens, l’Etat va finir par vampiriser ces entités territoriales décentralisées et les rendre encore plus dépendantes du gouvernement central. Ce dernier les contrôle déjà lourdement, à cause des méthodes policières du ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, un homme d’un autre temps à qui on confie la modernisation de la gestion publique.
Au final les deux mesures n’auront aucun effet sur la cherté de la vie. Au contraire elles vont générer encore plus de confusion dans ce pays où la gestion publique est excessivement centralisée et où il n’existe pas de véritables mécanismes de régulation des prix des produits sur les marchés.
Par ces récentes décisions, les autorités togolaises démontrent une fois de plus qu’elles sont dépassées par les événements. Ces vieilles recettes ne sont pas productives. Et la population ne pourra que s’en lasser à terme; elle qui a appris à se passer des prétendues politiques sociales de l’Etat aux méthodes surannées.
Dany K. Ayida
(La gouvernance improvisées est criminelle. Elle doit être punie!)