Instrumentalisation

Je n’aime pas me mêler des débats sur le rôle et la place de certaines formations politiques dans l’enlisement de la marche démocratique du Togo. Je me dois cependant d’attirer l’attention de mes compatriotes sur les dangers de l’attelage RPT-UFC qui tend à s’imposer à l’ensemble de la classe politique comme le tandem incontournable pour solutionner la crise politique. Que ce parti d’opposition négocie directement avec Faure en méconnaissant les autres n’est pas mon problème. Le hic c’est l’accord qui semble tacite s’établir et se formaliser faisant de cette formation l’interlocuteur n°1 dont les visées et les visions auraient de préséance sur les autres. La CDPA et le CAR dont les leaders ont été aussi reçus la semaine dernière par Faure sont prêts à jouer le jeu. Tout se fait en perspective des élections législatives prochaines, dont le bon déroulement serait la solution aux problèmes politiques du Togo… Soit!

C’est le pouvoir claudiquant des Gnassingbé fils qui a beau jeu de mettre ainsi en orbite ce trio (gagnant) tout entretenant avec l’un de ces partis des relations devenues intimes grâce au rapprochement négocié par le réseau catholique sant’egidio. Tant mieux si cela permet de sortir du désordre politique et renouer avec l’espoir dans ce pays où plus rien ne va. Mais ce dialogue, avant même de commencer est vicié. Les principaux acteurs que sont le président mal élu et les partis politiques veulent parvenir à une réconciliation nationale à tout prix, tout en circonscrivant dangereusement le dialogue. En effet il s’agit, selon le “mémorandum” publié par la présidence de “permettre aux partis politiques de débattre de la réforme du cadre électoral et la mise en place des conditions d’organisation des élections législatives et locales “libres, fiables et transparentes”. Mais ils hésitent quant à la forme à donner aux discussions: “pourparlers ou “concertations” dit-on. Pour parvenir à quoi?

Voici les vices que je vois dans cette affaire: contrairement à l’Accord cadre de Lomé de juillet 1999 (dont j’ai été témoin), il n’y a plus ni facilitateur ni médiateur. Ensuite les parties à ce dialogue national ne représentent pas grand-chose, du point de vue des desiderata de notre peuple aujourd’hui! Pourquoi ces politiciens ont-ils peur d’un dialogue intrégral? Pourquoi ne veulent-ils pas impliquer sérieusement la société civile et la diaspora? Qu’est-ce qui permet à Faure et ses complices de croire que la réconciliation découlera de la signature d’un papier d’accord avec ces partis politiques et les chefs traditionnels qu’ils considèrent maladroitement comme représentant la société civile. Ce dialogue échouera, avec les résultats qu’on peut aisément lui pressentir. C’est pourquoi les forces citoyennes doivent sans attendre prendre leurs responsabilités. Il faut le faire, avant qu’il ne soit trop tard; pour ne plus laisser notre sort entre les mains des gens qui n’y comprennent pas plus que les moyens de leur ambition de pouvoir.

D.K.A