Togo: Comment perdre bêtement une élection face à un dictateur désavoué et impopulaire ?

Au Togo, le scrutin du 22 février prochain ne réserve pas beaucoup de surprises. Face à Faure Gnassingbé, héritier d’Eyadema (38 ans au pouvoir) qui lui-même vient de boucler 15 années à la tête du pays, quelques opposants aux destins aussi alambiqués les uns que les autres, qui se cherchent…

Voici les raisons pour lesquelles je ne crois pas aux chances de cette opposition dans ce scrutin. Je vous assure qu’en en parlant, cela ne porte pas malheur (même si certains ne font qu’appeler Dieu au lieu de travailler vraiment pour l’alternance). Il y a lieu, avant le 22 février d’opérer une catharsis pour espérer un miracle: pousser Faure au deuxième tour puis se coaliser pour l’achever!

Alors qu’est ce qui cloche chez nos amis opposants ? J’en vois sept (07 raisons complémentaires) faciles à cerner cependant : 

  1. Ils n’ont pas réussi à avoir une candidature unique : celui qui est présenté comme tel (par la bénédiction d’un prêtre) sait qu’il n’en est rien ! et le fait de continuer à s’en prévaloir peut causer sa déroute.
  2. Les sieurs Kodjo et Fabre qui sont présentés comme des rivaux, et qui seraient les deux challengers du petit potentat national, jouent parfaitement la carte du régime en place, qui veut les voir se neutraliser (pour mieux justifier ses fraudes).
  3. La guéguerre entre les candidats opposants les empêche d’avoir une stratégie concertée de veille populaire et de surveillance électorale. Ceci laisse le champ libre aux trafics en tous genres autour des opérations de vote.
  4. Il n’existe pas de cadre technique ni politique de collaboration entre les six candidats opposants, qui auraient pu jouir d’une bonne cartographie des électeurs, axée sur les capacités des uns et des autres dans leurs régions respectives de provenance.
  5. La “ligne Maginot” que les partisans de la « Solution Kpodzro » ont érigé entre Fabre et Agbéyomé, inhibe tout rapprochement et augure d’une campagne électorale insipide et creuse. Pourquoi rester prisonniers de l’étape de la candidatures ?!
  6. La mobilisation citoyenne pour la transparence électorale est trop timorée. L’Eglise catholique a baissé l’échine face au diktat du régime, en victime résignée. La société civile traditionnelle fait le service minimum.
  7. Les opposants ne semblent pas disposer des moyens financiers et matériels pour contrer efficacement la machine à prévarication du système RPT-UNIR.

La campagne électorale s’annonce pour bientôt. Mais tout ce qu’on voit se faire ça et là du côté des opposants, ne présage pas d’une prochaine victoire. Ils semblent faire plutôt ce qui permettrait à la CENI dominée par le pouvoir UNIR, de proclamer après le 22 Février 2020 que Faure rempile pour un quatrième mandat.

Gare alors à celui qui prétexterait qu’on l’aurait triché. Ils sont leur propres faiblesses et les acteurs de leur future déchéance. L’élection, ce n’est pas une tombola ! Le rapport de forces ne sort pas des urnes, dans un système politique aussi fermé comme le nôtre. Il faut stratégiser entre candidats de la même famille politique et pousser l’adversaire à la faute.

Nous ne célébrons pas ces anomalies dont les avatars sont connus depuis longtemps. Nous disons qu’il faut se battre et tout faire pour échapper à la damnation de la dictature; par un sursaut patriotique: celui qui remet en cause tous les plans du régime autoritaire. On peut le faire aujourd’hui, ou attendre de vivre 5 nouvelles années de calvaire. Alors, faites attention quand vous évoquez le “peuple”.

Dany K. AYIDA

Par Amour pour la Patrie. En ce dimanche spécial du 02/02/2020